quartier de Bearuregard-Dessus | neuchâtel

CONCOURS  Développement du quartier de Beauregard-Dessus, Neuchâtel

MAITRE D’OUVRAGE  Commune de Neirivue

COLLABORATION  Antoine Voisard Architecte EPF SIA REG-A, Urbaniste FSU, Porrentruy

ANNEE  2020

 

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Approche paysagère

Le site présente une situation de balcon sur la ville, le lac de Neuchâtel et les Alpes. Grâce à la déclivité du site, des vues panoramiques remarquables se dessinent dans un contexte urbanisé. Le projet d’aménagement exploite ce potentiel en sublimant le dispositif bien connu du « belvédère ».  Pour accentuer la dimension panoramique, l’approche depuis les arrêts de transports publics (cimetière, ville) en direction de cette large ouverture sur le paysage est retravaillée. L’Avenue Edouard-Dubois (30 km/h) voit sa largeur modifiée à 5 m au-devant du projet, afin de valoriser le double alignement d’arbres, maintenu, mais modifié, et d’élargir le trottoir. Les parcours piétons se voient plus généreux et 8 places de stationnement de courte durée trouvent place pour desservir le quartier. Le mur longeant la parcelle est démonté et réinterprété au travers de séquences de banquettes disposées au pied de chaque arbre.

Belvédère

À mi-parcours, une large esplanade publique, elle- même délimitée par un mur, prend naissance au niveau de l’avenue et conduit les piétons à plat, vers le sud, pour profiter d’une ouverture panoramique sur le lac. Ce belvédère est l’espace de rencontre identitaire du quartier. Son mur d’enceinte emprunte le motif du moucharabieh, servant de brise-vue vis-à-vis des bâtiments proches tout en préservant de la transparence grâce à ses percements. De larges banquettes aux formes arrondies orientent le cheminement nord- sud avec une sinuosité rythmée. Chacune d’elles encercle des modules de jeux pour enfants. Un dallage de béton matérialise les espaces de circulation et une végétation extensive de faible hauteur fait transition avec le mur d’enceinte sur les bords. Les houppiers des arbres plantés en contrebas caressent le belvédère. Un ascenseur situé à l’extrémité sud du belvédère facilite la traversée verticale du site pour les personnes à mobilité réduite. Sous l’esplanade prend place l’offre en places de stationnement, sur quatre étages. Les deux étages supérieurs sont desservis par l’Avenue Edouard- Dubois, et les deux étages inférieurs par la Rue Gabriel Lory. Ce choix de rampes d’accès extérieures au parking minimise le gabarit de celui- ci, au profit de plantations de pleine terre, et écarte la possibilité de traverser le site en voiture. Le belvédère est pensé comme un ouvrage poreux, perméable, que l’on peut traverser à pied à différents endroits, de façon fluide, dans la continuité des chemins. La répartition du stationnement par étage offre une proximité par rapport aux entrées d’immeubles respectives, accessibles à tous à max. 6 %.

Implantation: L’implantation du bâti est définie selon une trame qui optimise les dégagements au sud pour chaque appartement. La forme des tours s’intègre dans la pente comme le creux de la main se remplirait de l’eau de la source. Les murets qui s’installent dans les espaces ouverts en contrebas du site reprennent cette même symbolique, retenant la terre pour créer des replats propices à la culture (potagers, vergers de fruitiers) ou au délassement (placettes agrémentées de mobilier). Ce principe d’aménagement est prévu à l’est et à l’ouest du site, créant notamment une distanciation bienvenue par rapport au cimetière.

Aménagements

L’imperméabilisation du sol est limitée au maximum. Le projet offre la part belle à la végétation, notamment avec la plantation d’un

cordon biologique sur la périphérie du site, améliorant la transition avec le reste du quartier et renforçant les haies arbustives existantes. Lieu dédié à la biodiversité, il dégage une fraîcheur appréciée lors des fortes chaleurs. De grands arbres ponctuent le cœur du site, améliorant le rapport aux bâtiments de hauteur importante.

Mobilité douce

Les cheminements à faible pente sont traités en gravier stabilisé. Celui qui longe le cordon boisé depuis la Rue Gabriel Lory jusqu’aux premiers bâtiments offre une déambulation verticale douce (6%) et ombragée aux personnes à mobilité réduite. Les accès piétons les plus raides (maximum 12 %) sont revêtus d’un béton désactivé, notamment le long du belvédère et au seuil des bâtiments. Les accès voitures sont quant à eux traités en enrobé bitumineux. Les accès pompiers se font depuis l’Avenue Gabriel Lory, sur les cheminements piétons s’engageant à l’est et à l’ouest du site. Une surlargeur en gravier-gazon assure le gabarit nécessaire à ce type de véhicule tout en conservant un aspect verdoyant toute l’année.

Stationnement

Afin de répartir le stationnement des véhicules pour l’ensemble du quartier, le parti retenu est de travailler un parking en silo perpendiculairement au courbes de niveaux et de répartir ses accès à l’extérieur du volume à bâtir pour minimiser l’impact général de la construction. Les places sont réparties auprès des locataires en fonction de leur tour de résidence. Le quartier est conçu sans voitures. Les accès pour charger et décharger sont les mêmes que pour les pompiers et les autres véhicules de secours ou de services. Chaque tour dispose de son propre hangar à vélo à côté du sas d’entrée de l’immeuble. Ce local a une hauteur sous plafond permettant de parquer des vélos sur un doubleur de parking de la gamme Velopa. L’ascenseur de chaque tour est légèrement surdimensionné afin de permettre de monter sans problème, par exemple, son très cher vélo électrique ou son « fixie de hipster » si tendance. Des places extérieures au pied des immeubles règlent le stationnement de plus courte durée ainsi que les motos et autres scooters.

Protection contre le bruit

L’inclinaison d’implantation des tours permet de parfaitement protéger contre le bruit les façades est et sud. L’organisation du plan type ne comprend aucun local sensible au bruit en façade nord. Seuls l’angle nord-ouest et la façade ouest sont finalement exposés au bruit routier. Les tours 01 et 04 sont concernées par des dépassements potentiels des valeurs limites d’immissions. Les logements de 2.5 pièces concernés sont donc traités de manière traversante pour ainsi disposer d’une ouverture en façade sud où ces valeurs sont respectées. Une paroi accordéon divise simplement les deux espaces de vie pour organiser le logement.

Logements

Suivant les surfaces mentionnées dans le programme et au vu de la flexibilité demandée, le parti est logiquement pris de réaliser les logements de 4.5 pièces en retranchant une pièce de 25 mètres carrés à un logement de 2.5 pièces pour la donner à un 3.5 pièces. Le solde du 2.5 pièces doit encore comprendre tout ce qui est nécessaire à un logement de 1.5 pièces. Cette flexibilité opérationnelle requiert une certaine rigueur conceptuelle qui permet de maintenir constant le nombre de logements sur un même palier quelque soit la typologie et par là-même de maintenir constants les services attenants aux logements pour un même bâtiment. Pour rationaliser la construction, il est décidé qu’un palier comprend au moins 3 logements, qu’un logement ne comporte qu’une gaine (deux pour les 4.5 pièces), que les salles de bain sont toutes identiques (sauf pour les 4.5 pièces qui en comptent deux), que les cuisines sont analogues et que le nombre de leurs éléments peut s’augmenter pour s’adapter à la taille du logement sans difficulté.

Chaque logement comprend un hall d’entrée avec une penderie de deux éléments. Ce hall donne au mois accès à la salle d’eau ainsi qu’à la pièce de séjour principal qui comprend une cuisine ouverte et alignée. Le meuble de cuisine comprend deux éléments hauts et quatre de plateau ainsi que supérieurs pour les 1.5 et 2.5 pièces. Un élément de plateau et supérieur complète la cuisine des 3.5 pièces auquel s’ajoute encore un élément haut pour les 4.5 pièces.

Au final, le projet se traduit par seulement six typologies de logements. Les quatre premières donnent une réponse au nombre de pièces requises. La typologie des 3.5 pièces est dédoublée afin de parvenir à la répartition souhaitée. En effet, si le plan d’étage type doit comprendre deux fois

plus de 2.5 pièces que de 3.5 pièces, il faut aussi compenser le quart de la perte des 3.5 pièces au profit des 4.5 pièces. La sixième typologie découle de la réponse à donner à la problématique du bruit routier. Il est renoncé dans le projet à la chambre dite à coucher. Toutes les pièces de vies ont des surfaces analogues et sont pensées pour être multifonctionnelles. Dans les logements donnant en façade est, une pièce a un accès direct sur la distribution verticale de l’immeuble. Ce coupe- circuit autorise des activités annexes indépendantes du logement comme, par exemple, un bureau ou un cabinet de massages.

Au plain-pied de la tour 04 se trouvent les locaux communs des appartements avec encadrement. Ils donnent sur la rue ainsi que sur l’entrée du belvédère.

Vues sur le lac: Afin de maximiser les vues sur le lac, l’orientation générale du projet est calée sur la plus grande diagonale du site qui est proche du plein sud. Ce parti est matérialisé par l’imposante façade sud du projet général où aucune tour de logements ne se chevauche. Le décalage en plan des sept tours qui la constitue confère à l’ensemble, en fait, autant d’échappées visuelles dans le sens de la pente ou en diagonale. Le plus grand de ces décalages permet de réaliser un impressionnant belvédère sur le lac aménagé en esplanade publique. Son soubassement accueille les fonctions telles que le stationnement des véhicules et les places en abris. D’ordinaire, l’usage des balcons en ville est paradoxal. S’il est souhaité par les locataires, il n’en demeure pas moins que, la plupart du temps, le balcon s’apparente plus à un dépôt à l’abandon qu’à un espace de vie. Le projet ne prévoit aucun balcon hormis celui du belvédère sur le lac. Ici, le rapport à la vue panoramique et au plein air est traité par une façade sud complètement amovible. En effet, deux bandeaux de fenêtres accordéons permettent d’ouvrir à moitié ou complètement le logement vers l’extérieur. Un système de protection solaire fixe et mobile permet de lutter contre la surchauffe estivale de la baie sans compromettre les gains directs en hiver alors qu’une tablette à hauteur de bar permet de poser plantes aromatiques ou autre tout en profitant du panorama. Un barreaudage de sécurité assure aussi une certaine privacité. La séparation en deux bandeaux permet accessoirement de laver l’autre côté de la vitre.

Phasage de réalisation

La réalisation du nouveau quartier est prévue en deux phases éventuelles. La première comprend la construction des trois tours à l’ouest ainsi que du parking-belvédère avec son accès uniquement depuis l’Avenue Edouard-Dubois. La deuxième phase concerne les quatre tours à l’est du quartier. Son chantier, bien à l’arrière de la première étape, peut disposer de deux accès par le haut et par le bas sans perturber l’exploitation ni le séjour des premiers logements mis sur le marché.